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Article mis en ligne le 12 décembre 2010

Né le 20 décembre 1911, à Champagne-Mouton (Charente), Jean GAUCHON passa les premières années d’une enfance heureuse auprès de grands-parents instituteurs, qui lui apprirent à lire et à écrire, et lui donnèrent le goût de la lecture. A l’âge de onze ans, il vint à Paris, où son père avait une pharmacie, et entra au Lycée Buffon. Après de bonnes études secondaires - il fut lauréat du Concours Général et bachelier avec un an d’avance - il écarta le projet de devenir médecin, comme l’aurait souhaité son père. Ce dernier décida donc qu’il serait militaire de carrière et signa pour son fils mineur un engagement de 4 ans. Cette décision autoritaire allait avoir des conséquences inattendues : à la caserne, Jean Gauchon deviendrait antimilitariste - et il le resterait toute sa vte.

Un jour, un article de journal, La Patrie Humaine, trouvé par hasard dans le train, fut pour lui comme une révélation : ce texte du pacifiste Roger MONCLIN (que GAUCHON considéra toujours comme son maître par la suite) allait lancer le jeune homme dans une carrière dont il ne dévierait jamais, au service de la cause de la Paix et des objecteurs de conscience.

Rendu à la vie civile, après sa majorité, il fut d’abord instituteur, comme ses grands-parents qu’il chérissait. Mais, inquiet du sort des objecteurs de conscience qui n’avaient pas en France de réels soutiens, ou manquaient d’argent pour payer les frais de leur défense, il décida d’embrasser la carrière d’avocat pour venir au secours de ces jeunes gens qui, par idéal ou conviction personnelle, préféraient courageusement la prison à l’apprentissage des armes. Dès lors, Jean GAUCHON avait en mains les moyens de plaider la cause de l’objection de conscience par toutes les voies légales ; et il se dépensa sans compter, généreusement et gratuitement, sans aucune distinction quant aux motifs de l’objection authentique, qu’ils soient religieux, philosophiques, sociaux ou autres.

Son action ne se limita pas à plaider devant les tribunaux militaires il participa à de multiples meetings, conférences de presse, etc... et il signa de nombreux articles dans différentes revues pacifistes. A maintes reprises les journaux publièrent des extraits de ses plaidoiries, en l’appelant "l’Avocat des objecteurs ». D’innombrables lettres lui furent adressées par ces objecteurs, qu’il avait défendus avec zèle, le remerciant pour la persévérance et l’efficacité de son action, mais reconnaissant aussi sa générosité, et même l’amour qu’il mettait au service de ces jeunes privés de tout soutien. Il n’est pas exagéré en effet de parler d’amour ou de compassion chez cet homme qui servait passionnément son idéal humain.

La thèse de Doctorat soutenu par Jean GAUCIION en 1951 est un texte essentiel pour la définition de l’objection de conscience. Lorsque, en 1963, fut discutée par l’Assemblée Nationale la définition de l’objecteur, les 16 premières pages de cette thèse turent lues et finalement approuvées à l’unanimité lors du vote qui eut lieu ensuite : on put dire ce jour-là que, pour une fois, un pacifiste intégral avait mis l’Assemblée d’accord.

Dans les années 50 fut créé à Paris le Comité de soutien aux objecteurs, animé par Emile VERAN, Jean GAUCHON et Henri SELLIER. Plus tard, lorsque Louis LECOIN obtint, en mettant sa vie en danger, le statut d’objecteur, c’est particulièrement à ces personnalités qu’il exprima, dans une lettre adressée à Jean GAUCHON, sa reconnaissance pour toute l’aide reçue.

Peut-être est-ce à Emile VERAN que revient le mot de la fin à propos de ce grand pacifiste, qui fut toujours un modèle de dévouement attentif et d’authentique modestie :
"Quand on parle de GAUCHON, on doit dire grandeur d’âme, de coeur et de noblesse, car il incarnait la noblesse de l’Homme’.
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