L’ INTERNATIONALE DES RESISTANTS A LA GUERRE -II-
Andreas Speck
Article mis en ligne le 9 juillet 2013
dernière modification le 22 juillet 2013

Londres

La discussion sur comment se comporter face au service de substitution est probablement aussi ancienne que les mouvements organisés d’objecteurs, et a été très vive au sein de l’ IRG. Certains y sont fermement opposés et d’autres le promeuvent. L’IRG voit deux problèmes liés au service civil alternatif : il reconnait le droit de l’Etat à avoir recours à la conscription des citoyens, et il peut faire partie de l’organisation de la guerre. "Je n’ai pas à prouver ma conscience, je dois rendre l’organisation de la guerre impossible". Cependant, l’IRG ne développe pas de réponse absolue à ces problèmes. Tandis qu’elle soutient l’objection totale, elle ne condamne pas ceux qui effectuent un service civil, et reconnait que ce dernier est meilleur pour les objecteurs que l’emprisonnement.

Lors de la réunion du Conseil de 1967, elle déclare : L’IRG est opposée à toute conscription militaire ou proposition civile, et défend sa totale abolition. Puique l’IRG est opposée à la conscription par principe, elle ne reconnait pas le droit d’un Etat d’imposer une alternative au service militaire de conscription. Cependant, elle admet que dans les pays où la conscription existe la possibilité d’un service alternatif peut être un pas en avant. Dans ce cas, nous considérons que le service civil alternatif devrait être garanti à toute personne le demandant. Un tel service devrait être socialemnent constructif, et devrait inclure la possibilité d’un service international ou la participation à un programme de paix sous les auspices d’une agence volontaire.

Depuis sa fondation en 1921, l’IRG promeut l’action non violente comme forme de résistance à la guerre. En 1960, elle prend l’initiative de fonder les Brigades mondiales de paix. La plupart des actions non violentes dans le passé ont été entreprises sous l’impulsion de personnalités comme Gandhi et Martin Luther-King. En 1965, l’IRG organise la première conférence internationale d’études sur l’entrainement à la non violence à Perugia, en Italie, impliquant une dizaine de pays. Elle fut suivie d’une autre en 1970. Depuis, l’entrainement à la non violence a été inscrite sur les agendas de l’IRG et formalisée en 2005 par un Programme de non violence. L’IRG s’est engagée pour les marches antimlitaristes en Europe dans les années 1970 et 1980. Plus récemment dans le réseau antmilitariste européen, en organisant notamment des actions directes non violentes aux sommets de l’OTAN à Strasbourg en 2009, à Lisbonne en 2010, et dans des infrastructures militaires. Les campagnes d’action directes non violentes découlent de leur entrainement.

Près de quatre-vingt-dix ans plus tard, cela n’a pas fondamentalement changé. On peut s’en rendre compte en regardant la réponse pacifiste aux guerres d’Irak et d’Afghanistan, ou la militarisation de l’Union européenne. En 1967, Tony Smythe, co-auteur avec Devi Prasad du livre Conscription, a world survey, disait : Les objecteurs pourraient engager la résistance de masse à la guerre et le changement social pour la suppression des causes de guerre. A l’IRG, l’une des leçons de l’Histoire est qu’il n’est pas suffisant de travailler pour le droit à l’objection de conscience. Cette reconnaissance n’est pas un but en elle-même, mais elle peut être un outil important vers la démilitarisation, s’il est combiné avec un combat antimilitariste radical, en développant l’action directe non violente. Je pense que le travail actuel de l’IRG reflète ces leçons.

L’IRG travaille aujourd’hui sur les points suivants :
 Objection de conscience au service militaire, incluant la reconnaissance de ce droit sur les plans national et international,
 Opposition à la militarisation de la jeunesse,
 Opposition aux bases militaires et aux infrastructures utilisées pour la guerre (notamment résister à l’OTAN) en utilisant l’action directe non violente,
 Dénonciation des profiteurs de guerre,
 Entrainement à la non violence.

Je pense que c’est une bonne base pour le travail futur de l’Internationale des résistants à la guerre pour n’aider aucune forme de guerre, et lutter pour l’abolition de toutes ses causes.